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Genèse chapitres 1 et 2 |
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Nous ne sommes pas encore parfaits, Le premier commandement est donc une
parole, non d’interdiction mais de liberté. Car, dans la pensée biblique, la
liberté se définit par la responsabilité devant les choix. Dieu ne menace pas
l’humain de punition, il lui dit simplement que parmi tous les fruits, il en
est un qui est empoisonné. S’il en mange, il mourra. * * * * * Pourquoi ? Certains
commentateurs juifs de la tradition rabbinique, avancent que Dieu pense
que nous ne sommes pas encore prêts, nous ne sommes pas
parfaits, nous ne sommes capables de discerner, le bien du mal, le vrai du
faux. Nous ne nous maîtrisons pas assez, nous sommes tous, encore trop
sujets à l’ignorance, au fanatisme et à l’ambition pour pouvoir profiter
de la connaissance du vrai et du faux. Dieu ne souhaite pas que nous prenions
pour vérité ce que nous entendons ou voyons. Quel enseignement ! Surtout
à l’heure de l’intelligence artificielle générative et des réseaux sociaux,
du fake plus vrai que nature. Il nous faut d’abord travailler encore et
encore sur nous-même, nous perfectionner. Travailler sur nous-même s’entend
par essayer, par une rectification intérieure, pour faire de notre passage
dans ce monde-ci un chef-d’œuvre. Nous qui nous croyons parfaits, Dieu veut
inscrire notre imperfection dans notre chair pour que nous arrivions à nous
en défaire. * * * * * C’est pourquoi dans le livre de la Genèse, il y a
deux créations, celle des premiers versets, au chapitre 1, puis celle répétée
avec d’autres mots, au chapitre 2. Deux créations de l’homme aussi.
D’abord un homme mâle et femelle, puis dans la seconde création Dieu sépare
la femme de l’homme, et à partir d’un fait deux
êtres. Autrement dit, Dieu a jugé que ce n’était pas bon que l’homme soit
seul, autrement dit, que l’homme se croit parfait. Dieu fait de
l’homme Un, deux êtres, différents et complémentaires ; différents, et
donc l’un sans l’autre n’est plus parfait. L’objectif d’un couple, qui au départ, ne faisait
qu’un, puis devint deux, est de redevenir un. Un c’est la perfection. C’est la plénitude,
l’accomplissement. Nous devons donc, l’homme et la femme, œuvrer à nous
parfaire mutuellement, à nous reconnaître l’un l’autre dans notre
singularité, à développer cette connaissance intuitive de l’autre, ce lien
profond que l’on nomme Amour. Travailler à ne plus faire qu’un.
Retrouver dans ce compagnonnage, la force, la noblesse et la sagesse de ne
plus faire qu’Un, l’être. Le devoir de ces deux moitiés, de ces deux
compagnons, est alors, au terme de leur long chemin d’apprentissage, de
faire, de transformer cette union en chef-d’œuvre, une re-création. A
nous de faire et de comprendre. Et alors, alors seulement, nous pourrons
goûter au fruit de l’Arbre. Que le chemin est
long pour que l’humain véritable s’éveille en nous ! Autrement dit, ce que nous devons comprendre,
puisque Dieu a créé l’Homme, puisque UN, le Créateur, a créé le deux, sa
création, l’objectif de l’Homme sur terre, son but est de travailler à son
perfectionnement, à réparer ce qui nous entoure et ce qui est en nous, à
développer notre connaissance intuitive de Dieu, le reconnaître comme tel, à aimer
Dieu de toute notre force et de toute notre âme pour ne faire plus qu’un en
Lui. La Torah nous montre un Dieu qui nomme, qui
distingue, qui sépare pour mieux révéler. Il sépare l’obscurité de la
lumière, le jour de la nuit, l’homme de la femme, non pour diviser, mais pour
permettre la rencontre. Car il n’y a pas d’unité sans conscience de
l’altérité. Le manque d’altérité ne nous le permet pas encore. Comme
les juifs, il y a 2000 ans, la prédication de Jean-Baptiste (Matthieu 3,2) et
celle de Jésus (Matthieu 4,17) nous interpelle : « Repentez-vous,
car le Royaume de Dieu est proche ». Se repentir, faire teshouva,
suivant l’expression juive. C’est accepter et recevoir le don de Dieu, donné
gratuitement à tous ceux qui croient. Ne pas le faire, c’est s’enfermer dans
la routine, c’est ne pas saisir la perche tendue par Dieu : la
possibilité de tout changer. Mais cela viendra, nous ferons teshouva :
nous reconnaîtrons le gâchis que nous avons fait et nous résoudrons de ne
plus jamais recommencer. Alors nous pourrons prendre plaisir à goûter aux
fruits de l’arbre de la connaissance de la vérité, comme à l’arbre de la vie. * * * * * En
fait, au terme de ce processus, l’arbre de la connaissance du vrai et du faux
ne sera même plus nécessaire ; c’est ce que signifie son absence dans la
Nouvelle Jérusalem à venir : seul s’y
épanouit l’arbre de vie (Apocalypse 22,1-5). La Nouvelle
Jérusalem ne provient pas des efforts des hommes qui se seraient améliorés ;
non : elle est donnée par Dieu et « descend du ciel d’auprès de
Dieu ». Le Messie, le Christ, qualifié de « l’Agneau » sera le
flambeau de cette cité : seuls ceux qui seront inscrits dans le
« livre de vie de l’Agneau » s’y trouveront, ceux que le Christ a
sauvé, ceux qui auront fait teshouva suite à l’appel (Matthieu 4,17) du
Christ, pourront y vivre (Apocalypse 21,27). Philippe Vernet Document de travail : Patrick PILCER, 2025.
Ici et maintenant : lecture républicaine de la Torah, préface de Haïm
KORSIA, grand rabbin de France ; éditions David REINHARC, voir pages 22
à 24. |
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Genèse chapitres 1 et 2 |
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