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Nous
étions comme ceux qui font un rêve (Psaume
126,1) |
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Lettre du DEFAP Méditation - Prière Cantique des degrés. 1 Quand l’Éternel ramena vers les
captifs de Sion, 2 Alors notre bouche riait de joie, 3 L’Éternel a fait pour nous de grandes, nous sommes dans la joie. 4 Éternel ! ramène nos captifs, 5 Ceux qui sèment avec larmes, 6 Celui qui s’en va en pleurant, quand il porte la
semence à répandre ; C’est encore l’hiver dans les vignes. Le sol est
gelé. Les ceps de vignes autrefois si fiers de leurs grappes ne ressemblent
plus qu’à des bois torturés. Ils sont comme morts, vaincus par le froid. Pourtant le vigneron sortira ce matin pour aller
tailler sa vigne. Il est comme la veuve Antigone qui se refuse à faire son
deuil. Quelle imagination folle lui donne de prévoir que de ce bois mort
pourrait un jour renaître la joie ? C’est parce qu’il se souvient que cela
s’est déjà produit. Il sait que la sève, vitale, s’est réfugiée dans les
racines. Elle attend. C’est l’été dans le Néguev.
Qu’est-ce qui pousse le paysan à sortir avec sa houe pour gratter la terre
dure comme la pierre et tenter d’y semer quelques grains ? Cette terre
n’a pas reçu la moindre goutte d’eau depuis des mois. Tout en elle est
hostile à la vie. Pourtant le paysan va labourer le sol « dans les
larmes », jusqu’à l’épuisement. Parce qu’il se souvient que les pluies
ne vont pas tarder à descendre du ciel au nord, grossissant les fleuves, qui
bientôt rempliront à nouveau les lits asséchés des rivières au sud. Le sol
est maintenant prêt. Il attend. Nous sommes à Babylone en 539 avant notre ère. Une rumeur commence à courir. Le roi
des Perses vient de vaincre celui de Babylone et pourrait autoriser les
exilés et leurs descendants à retourner à Jérusalem. Peu y croient, sauf
quelques-uns qui souviennent : cela s’est déjà produit, au temps de
Moïse. Alors ils attendent. Nous sommes à Berlin Est, le 18 janvier 1989. Erich Honecker, président de la RDA
déclare « Le mur existera encore dans 50 et même dans 100 ans ».
Le 9 novembre 1989 le conseil des ministres publie le communiqué suivant
« Les voyages privés vers l’étranger peuvent être autorisés sans
présentation de justificatifs ». Quelques heures plus tard un
douanier en charge du point de passage de Bornholmer Strasse donnera l’ordre
« Ouvrez la barrière ! ». La foule massée le long de la frontière
hésite un instant et se demande « Est-ce un rêve ? ».
Avant d’oser un premier pas de l’autre côté. Nous sommes en
France, ces jours-ci, 80 ans après la Libération. Et nous nous souvenons à l’aide d’images d’archives, de ces
foules en liesse qui envahirent les rues de tout le pays. Le cauchemar aurait
pris fin, après cinq années de privations, de peurs, de drames sans nom. Tous se demandent : « est-ce que nous
rêverions ? » L’histoire de l’humanité balance entre cauchemars
et rêves qui se sont réalisés. Aujourd’hui encore dans tant de lieux du monde, beaucoup vivent des cauchemars. C’est dans la mémoire des libérations d’hier que nous trouverons la force de continuer à espérer, à lutter, de refuser à nous abandonner à la fatalité. La Bible en fait un commandement en appelant au souvenir en fêtant les libérations d’hier : « Vous conserverez le souvenir de ce jour, et vous le célèbrerez par une fête en l’honneur de l’Eternel » (Exode 12,14). Que cette année 2025 puissent à leur tour dire : « nous étions comme ceux qui font un rêve ». Jean-Mathieu THHALLINGER © Lettre du DEFAP |
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Nous étions comme ceux qui font un rêve
(Psaume 126,1) |
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